LA BOÎTE À DÉS

  • LA BOÎTE À DÉS

1940

Stevie, 14 ans, accourt au fameux Barbershop. Furieuse, sa mère l’a envoyé chercher son père chez le barbier Bouchard, qui tient un tripot de jeu clandestin. Le bonhomme joue encore sa paie de débardeur ! Elle va lui passer tout un savon… Un Stevie fasciné observe les hommes jouer à la barbotte.

La barbotte, c’est un jeu de hasard unique au Québec. Aussi populaire qu’illégal, il fait la renommée de Montréal depuis les années 20. Les joueurs roulent les dés et les ramassent aussitôt, remettent de l’argent sur la table et les roulent encore… On gagne si les dés tombent sur double 3, double 5, double 6 ou 6–5 ; on perd s’ils tombent sur double 1, double 2, double 4 ou 1–2.

Deux ans plus tard, Stevie devient débardeur au Hangar 16, comme son père et son grand-père avant lui. Et qu’est-ce que les hommes font à l’heure du lunch ? Ils jouent à la barbotte ! Une équipe du Hangar 16 contre d’autres équipes, débardeurs, soldats ou marins. Parfois ils jouent même contre la police!

Entre les années 20 et 50, chaque fois que les gars du 16 perdent la partie, ils jettent leurs dés malchanceux dans une vieille boîte à lunch. Après plus de 30 ans de barbotte, ça fait tout un paquet de dés. Un véritable trésor des débardeurs !

L’HISTOIRE COMPLÈTE DE LA BOÎTE À DÉS

1940

Stevie, 14 ans, accourt  au fameux Barbershop.  Furieuse, sa mère l’a envoyé chercher son père chez le barbier Bouchard, qui tient un tripot de jeu clandestin1. Elle est pas mal tannée : il joue encore sa paie de débardeur. Il ne restera plus rien pour le loyer, pour l’épicerie, pour rien2.  Attends qu’il revienne à la maison… elle va lui passer tout un savon1!

Depuis la porte entrouverte, un Stevie fasciné observe les hommes jouer à la barbotte.

Les joueurs roulent les dés et les ramassent aussitôt, remettent de l’argent sur la table et les roulent encore, si vite qu’il a de la misère à suivre. Les dés roulent et roulent encore. Les gars remettent de l’argent encore et encore3… Incapables de se contrôler, ils parient jusqu’à leur dernière chemise4. Car la barbotte est un jeu extrêmement rapide : tout se joue en cinq minutes5… et le Barbershop prend son pourcentage à chaque coup3.

La barbotte, c’est un jeu de hasard unique au Québec. Aussi populaire qu’illégal1, Il fait la renommée de Montréal depuis les années 206. Montréal, ville ouverte, capitale nord-américaine du vice, centre névralgique des paris illégaux et plaque tournante du trafic d’héroïne7. Mais ça, c’est une autre histoire…

Deux ans plus tard, Stevie devient débardeur au Hangar 16, comme son père et son grand-père avant lui. Et qu’est-ce que les hommes font à l’heure du lunch ? Ils jouent à la barbotte, voyons ! C’est très populaire au port2. Deux équipes d’environ cinq joueurs se font face pour gager de gros montants2. Le Hangar 16 contre d’autres équipes, débardeurs, marins ou soldats… Parfois ils jouent même contre la police1!

Les deux groupes de parieurs misent sur le résultat de deux dés qu’on lance. On remporte la mise si les dés lancés par notre équipe tombent sur double 3, double 5, double 6 ou sur 6-5 ; on la perd s’ils tombent sur double 1, double 2, double 4 ou sur 1-2. Toutes les autres combinaisons ne donnent rien8.

Entre les années 20 et 50, chaque fois que les gars du 16 perdent la partie, ils jettent leurs dés malchanceux dans une vieille boîte à lunch. Après 30 ans de barbotte, ça fait tout un paquet de dés ! Un véritable trésor des débardeurs.

 


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1- Thomin Jean-Paul, J.L.B. débardeur, LES DÉS, C’est arrivé au bord de l’eau, Atelier d’histoire des débardeurs du port de Montréal, 2018, p. 105
2- Thomin Jean-Paul, D.B. débardeur, LE JEU ET LES ÉPOUSES, C’est arrivé au bord de l’eau, Atelier d’histoire des débardeurs du port de Montréal, 2018, p. 106
5- Brodeur Magaly, VICE ET CORRUPTION À MONTRÉAL 1892-1970, Presses de l’Université du Québec, Québec, 2011

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